Guillaume Valle [Hand of yore] Designer & maker de mobiliers en bois (création et rénovation)
Guillaume réalise du mobilier en bois pour les entreprises et les particuliers. Je l’ai rencontré au coworking d’Hendaye (Laneko) pour lequel il a fabriqué de belles tables. Il est aussi à l’origine de l’aménagement très réussi du Salon de thé LO VI Kafetegia à Hendaye (best cookies in town!). J’ai découvert dernièrement son atelier, quelques projets en cours et terminés. J’y ai trouvé surtout un professionnel passionné, sincère et appliqué, qui cultive les savoir-faire hybrides : traditionnels/modernes, nécessaires à la conception/réalisation de meubles beaux/fonctionnels.
Qui es-tu ? Quel est ton Parcours ? Quelles sont les racines de ton activité : Hand of Yore ?
Je m’appelle Guillaume Valle, Hendayais de 34 ans, Designer & Maker dans mon atelier du 31 rue de l’industrie dans la zone industrielle des Joncaux à Hendaye. J’ai découvert les arts plastiques au collège/lycée, puis les arts appliqués lors de mes études supérieures en Design Global à Bordeaux. Ensuite, je suis parti apprendre l’anglais à Londres où j’ai commencé à questionner les fonctions dans l’espace, expérimenter les volumes et donner naissance à mes premiers dessins et réalisations. J’avais à l’époque, très peu d’expérience en fabrication de mobilier et ma première réalisation, un tabouret comptait 76 vis… Il était moche et lourd mais il remplissait bien sa fonction d’assise!
Hand of Yore (main d’antan) est l’aboutissement d’une réflexion réalisée en 2011 pour mon mémoire de fin d’études. Son titre : « l’acte de transmettre via l’expérience vécue au travers de nos 5 sens ». La Tradition se définit ainsi : Il faut apprendre et expérimenter pour partager et transmettre.
Sur ta carte de visite, tu te présentes comme Designer / Maker. Peux-tu nous expliquer ce que cela signifie concrètement ? Comment définis-tu ton travail ?
Il est difficile de se définir seulement comme un designer car il en existe une multitude aujourd’hui. J’ai très rapidement mis de côté la partie infographie que l’on m’a apprise à l’école pour me consacrer à la partie manuelle : pouvoir expérimenter la matière, les volumes et définir des proportions qui me paraissent esthétiques et justifiées. C’est après presque 8 ans de ce cheminement d’apprentissage (essentiellement autodidacte) que j’ai pu me définir comme Designer & Maker. Maker car je suis aujourd’hui aussi à l’aise dans le FAIRE que dans le DESIGN.
Amener un projet du dessin jusqu’à la fabrication constitue l’essence de ma démarche. Je ne délègue jamais la fabrication de mes designs, sauf exceptionnellement, lors de collaborations avec des artisans qui partagent ma vision des choses. Je me dis parfois ébéniste, c’est une des facettes (la plus noble) de mon travail, mais là encore, se pose la question du savoir-faire académique. L’ébénisterie d’art est un métier très ancien et technique que je ne possède pas dans sa globalité. J’y puise des connaissances pour me permettre de fabriquer des pièces modernes avec des lignes simples qui parlent aux plus grand nombre.
Entre modernité et tradition, qui sont les artisans / designers qui t’inspirent le plus ?
Mes références sont assez variées selon leur application. Jean Louis Iratzoki (designer Euskaldun d’Azkaine de renommée internationale à qui l’on doit le design Basque au même titre que le design scandinave). Il a été mon mentor durant mes études en Design et m’a partagé sa passion et sa vision du design : sincère, fidèle et à l’écoute de ce que l’histoire d’un territoire peut nous raconter. La typologie d’un objet nous parle, de même que les stigmates des outils qui les ont façonnés.
Piet ein eek est lui une autre de mes références, mais différemment, car tournée vers l’upcycling industriel. Il créait des séries d’objets et de mobiliers réalisés à partir de rebuts bois amassés à grande échelle en Hollande (Eindhoven), nettoyés, recalibrés et stockés pour offrir une banque de données de matériaux utilisables pour la réalisation en série de ses collections.
Les ébénistes japonais sont une référence plus technique. La préparation des outils, l’organisation des espaces de travail et du temps font partie intégrante de leur discipline. Cela permet de donner une dimension supérieure à leur mobilier.
Dans les références plus proches et de ma génération, il y a Quentin Delion, situé à Bidart : un artisan créateur que je suis régulièrement et auquel je m’identifie. Il a l’amour du bois, le savoir-faire et son approche du design me parle vraiment.
Concerné par la question environnementale, que mets tu en place pour développer une activité aussi responsable que possible ?
Je n’hésite pas à modifier un design pour éviter de faire trop de chutes. Beaucoup de mes « déchets » de bois me permettent de me chauffer l’hiver et les copeaux de bois bruts vont dans le compost pour produire de bons légumes l’été.
Une part de mon activité se consacre à la réparation et à l’upcycling de mobilier. il me parait important et intéressant de réparer (ou de donner une deuxième vie) à de beaux objets… Ne jeter qu’en dernier recours. Lorsque je répare, là encore il est possible de glisser quelques chutes de mon atelier pour fortifier ou ajouter des fonctions à l’objet.
Mon bois est à 95% local et je n’utilise pas de mdf ou aggloméré. Le bois le moins noble que j’utilise est du contreplaqué de pin maritime des Landes.
Tu es maintenant installé à Hendaye, dans la Zone industrielle des Joncaux. Peux-tu nous parler de ton installation : choix de la zone, difficultés, aides, etc…
La zone industrielle des Joncaux est un endroit que j’ai côtoyé durant mon enfance ayant une mère qui était logisticienne dans les transports. J’ai eu l’opportunité de pouvoir m’installer dans un entrepôt de 140 m² grâce mon frère qui est dans la création et l’entretien de jardin (les Éco-jardiniers).
J’ai eu des difficultés à trouver un entrepôt à louer dans la zone industrielle : les prix sont très hauts pour des petits artisans comme moi et souvent les espaces présentent des inconvénients comme des infiltrations d’eau et des installations électriques à faire rénover par le locataire, des espaces mal distribués, pas de WC, pas de lumière naturelle, etc….
Malgré tout cela je sais que la zone est dynamique et j’espère que la politique de la ville se souciera de tous ces jeunes et entrepreneurs artisans qui ont besoin de soutien pour se lancer. Car il y a de la place, il n’est pas rare de voir d’immenses hangars vides depuis de nombreuses années. Segmenter, mutualiser ces grands espaces (et éventuellement des outils de travail) afin de les transformer en petites pépinières de 5 – 10 entreprises, permettrait de donner leur chance à de jeunes entreprises et de créer une nouvelle dynamique.
Mon installation est assez récente, mais je compte bien me faire référencer sur Google Maps et pourquoi pas avoir mon panneau en entrée de zone pour indiquer où nous sommes.
Comment te rencontrer, te contacter, découvrir ton travail ?
On peut passer me voir à l’atelier au lot 7, 31 rue de l’industrie à Hendaye (pas d’horaires fixes), me suivre sur Instagram,
On peut aussi me joindre par mail à handofyore@gmail.com ou par téléphone au 06 30 77 93 82 .
Aurais-tu un livre, une conférence en ligne, un événement, un documentaire que tu aimerais partager?
Livres: « de la simplicité » de John Maeda et « hemendik » L’histoire de 50 objets iconiques du Pays Basque.
évènement : Dutch Design Week Eindhoven – Design très expérimental moins sous les projecteur que milan et Paris et pourtant très avant-gardiste.